Une ode mélancolique à un paradis en voie de disparition
En créole guadeloupéen, « Gounouj » signifie grenouille, un animal qui vit en parfait équilibre avec son environnement. Mais que se passe-t-il lorsque cet équilibre est rompu ? Le chorégraphe Léo Lérus, né en Guadeloupe, île fortement menacée par le changement climatique, s'inspire de l'équilibre fragile entre la nature et les influences humaines. Avec quatre danseurs, il traduit le phénomène de l'homéostasie - le processus d'adaptation continue pour maintenir l'équilibre - en mouvements puissants et fluides. Ce faisant, ils entremêlent les rythmes et l'énergie de la danse traditionnelle Gwoka avec des techniques contemporaines.
Au cœur de cette démarche se trouve le concept de bousyè - un mot créole désignant un crustacé pendant sa période de mue, un moment de vulnérabilité et de transformation en un être plus grand. Lérus transpose ce concept au corps humain : comment embrasser notre vulnérabilité et en tirer la force de changer ? Gounouj dégage ainsi un profond sentiment de nostalgie. En raison de sa situation géographique, l'île de la Guadeloupe est confrontée aux effets aigus du changement climatique - températures plus élevées, sécheresses et inondations plus fréquentes, ouragans violents et érosion côtière - qui rendent l'archipel de plus en plus vulnérable. La crainte de voir disparaître un jour les paysages et les écosystèmes que nous connaissons aujourd'hui y est prégnante.