Dans La Montagne magique (1924), Thomas Mann a livré une analyse très précise des antagonismes idéologiques à la veille de la Première Guerre mondiale. À un moment charnière entre un ancien et un nouveau monde, la classe bourgeoise engloutit la vie en haut d’une montagne, dans un processus de guérison qui semble ne jamais prendre fin. Près de cent ans plus tard, nous avons à nouveau atterri dans une impasse : le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui, jamais « ceux d’en haut » n’ont possédé tellement plus que « ceux d’en bas ».

Ce spectacle n’est pas une adaptation du livre de Thomas Mann, ni un règlement de compte avec l’écrivain : il poursuit le récit là où Mann s’est arrêté. Par le biais de la déconstruction du texte, Louis Janssens et Ferre Marnef écrivent une nouvelle Montagne magique, contemporaine, sur les contrastes et les problèmes de notre époque. Avec un sens de la monumentalité, Desnor souhaite ériger une nouvelle montagne à côté de La Montagne magique de Mann. Ce spectacle est écrit comme un roman d’apprentissage, soit à partir d’un récit commun au lieu d’un récit individuel.

Louis Janssens et Ferre Marnef sont tous deux diplômés du KASK (Académie de Gand), respectivement en art dramatique et en création graphique, et tracent leur parcours commun depuis 2012 sous le nom de Desnor. Ils créent du théâtre visuel avec beaucoup d’humour et de critique sociétale. De même que dans leurs autres créations, comme #BOS et Galileo, la construction, la déconstruction, le décalage et la représentation constituent une part importante du spectacle.