Dans cette version italienne de Shakespeare, le barde se sent chez lui.

Macbeth est celui à qui les sorcières promettent d’être roi et qui va tout entreprendre pour voir la prophétie se réaliser. Le metteur en scène Alessandro Serra a établi un pont entre deux mondes : l’Écosse médiévale et la Sardaigne. A la tristesse du paysage écossais, fait écho celui de la barbare Barbagia en Sardaigne. L’idée de rapprocher ces deux univers lui est apparue comme une évidence lors d’un reportage photographique pour le carnaval de Barbagia : les masques, les sons, les chants et les danses folkloriques l’ont inspiré. Il a transposé tous ces éléments sur un plateau nu. Huit comédiens, tous des hommes comme dans la tradition élisabéthaine incarnent tous les rôles avec force et finesse au milieu des pierres, du fer et du sang. Un Shakespeare totalement revisité, d'une grande beauté formelle, qui prouve que l'éternelle ivresse du pouvoir ne s'apaise que dans le crime.

Entre des formations d’acteur et de théâtre, Alessandro Serra est diplômé en Art et Science du Spectacle de l'Université Sapienza de Rome avec une thèse sur la dramaturgie de l'image. Dans les dernières années de sa formation, il a eu une rencontre fondamentale - pour sa formation artistique - avec Yves Lebreton et sa méthode de Théâtre Corporel.

En 1999, il fonde la compagnie théâtrale Teatropersona avec laquelle ils mettent en scène leurs propres créations que Serra écrit et dirige en prenant soin du paysage, des costumes, de la lumière et du son. Il prône une esthétique où l’acteur tend à devenir figure, mannequin et développe un langage onirique qui renvoie à l’enfance. La dramaturgie de ces œuvres s'articule autour d'une véritable explication de l'aura transmise par les œuvres littéraires de Samuel Beckett, Bruno Schulz et Marcel Proust. En 2017, il revient à la prose théâtrale et avec la collaboration de Sardegna Teatro, il crée Macbettu, un travail inspiré par la pièce de Shakespeare et récité en langue sarde.