Quel monde la génération actuelle va-t-elle léguer? Dans Ghost Road, Fabrice Murgia nous emmène le long de la mythique Route 66 – aujourd’hui déclassée – jalonnée de villes fantômes, de maisons abandonnées et de stations-service rouillées. Murgia fait une halte chez une dame âgée (Viviane De Muynck) qui se filme, elle et sa solitude. Cette femme sans âme vit toute seule dans une localité entièrement désertée. L’a-t-on abandonnée ou a-t-elle sciemment choisi de vivre en ermite ? Ghost Road est le testament d’une articulation temporelle meurtrie, l’image rémanente d’une société et d’un individu en perdition. La musique de Dominique Pauwels fait écho au monologue, tantôt de manière harmonieuse, tantôt contrastée. Les images en vidéo entrouvrent la porte à la réalité. 

Les spectacles hautement visuels et engagés du jeune Fabrice Murgia, âgé de 29 ans à peine, lui valent d’être parfois considéré comme le Guy Cassiers de la Belgique francophone. Ghost Road est sa quatrième production et le premier volet d’une trilogie qu’il réalise avec LOD. Chaque partie mettra en lumière un lieu abandonné sous la pression du déclin économique, du chaos politique ou d’une catastrophe écologique.