Deux personnes, un vocabulaire gestuel intime

Mickaël Phelippeau s’est révélé avec ses "bi-portraits", soit une épatante série de portraits chorégraphiques. Initiée en 2008, cette collection compte désormais plus d’une vingtaine de pièces. Formé aux arts plastiques puis à la danse, cet artiste singulier place la rencontre et l’humain au cœur de sa démarche.

Les interprètes qu’il sollicite sont issus de milieux totalement différents, le plus souvent croisés par hasard, et déroulent sur scène le fil de leur histoire. En duo, en solo ou en équipes (à l’image de Chorus et Footballeuses).

Ce fut par exemple Jean-Yves Robert, alors curé de Bègles (bi-portrait Jean-Yves, 2008), ou Anastasia Moussier, lycéenne franco-guinéenne (Avec Anastasia, 2015), ou Ben Salaah Cisse et Luc Sanou, danseurs burkinabés (Ben & Luc, 2018), ou Heddy Salem, jeune homme des quartiers nord de Marseille (Juste Heddy, 2019). Ce sont désormais Françoise et Alice Davazoglou. L’une est dite "valide", l’autre porteuse de trisomie 21. Mickaël Phelippeau a rencontré ces deux femmes en 2015, lors d’un atelier qu’il donnait au sein d’ART21, association qu’elles ont fondée à Laon pour favoriser la pratique de la danse en amateur. Dans ce duo, elles illustrent leur quotidien en gestes tendres et spontanés, la complexité et la beauté des rapports les unissant. Un dialogue gracieux mais qui révèle l’essentiel.