A brief history of hell est une comédie sur l’art. En apparence, toutefois. La satire de l’auteur et metteur en scène Stef Lernous s’articule autour des zones d’ombre du processus de création et de la pratique artistique. Il dissèque implacablement le cerveau d’un artiste jusqu’aux derniers recoins.

Après avoir exploré le théâtre sombre, visuel et muet dans plusieurs productions, Abattoir Fermé présente cette fois une scène d’une blancheur éclatante sur laquelle des personnages aux visages grimés de couleurs vives nous donnent à entendre toute une série de textes. Quatre comédiens incarnent tour à tour des artistes, des collectionneurs, des charlatans, des connaisseurs, des critiques et des amateurs. « Ça cause, ça cause beaucoup, verbiage inepte et rire trivial à propos de bulles avec des bulles, de galeries, d’obsessions, d’acquisitions, de ventes, de perfectionnisme, de collectionnite, de sushis, d’ego, d’avoir, d’être, de beauté, de sexe, de bébés, de solitude, d’amour, de peinture, de pellicule et parfois même à propos de l’art et de la vie. »

Ne vous attendez jamais de la part d’Abattoir Fermé à du théâtre classique ni à des personnages qui font avancer le récit de manière linéaire. La compagnie malinoise préfère arpenter les sentiers sinueux d’un univers cruel – d’une esthétique souvent ad hoc – émaillé de rituels et de rêves obscurs.